Comment faire du vélo seul quand on est malvoyant ?

Faire du velo aveugle ou malvoyant
A l’époque d’Handiriders Assos, association promouvant l’usage du vélo pour les personnes handicapées, j’ai pu rencontrer une personne roulant en tandem avec son fils aveugle. Mais aujourd’hui, rouler tout seul à vélo lorsque l’on est malvoyant est possible. Comment ? En utilisant l’écholocation, technique utilisée par les chauve-souris pour se repérer dans l’espace. Pour ce faire, elles émettent des cliquetis avec leur langue : ces sons, renvoyés par les obstacles, leur permettent de « dessiner » l’espace dans lequel elles se trouvent, qu’il fasse jour ou nuit. Une méthode imparable employée désormais par l’homme…

Écholocation matérielle : le vélo pour aveugle

Fin 2011, le professeur anglais Brian Hoyle, spécialiste en capteurs, lance l’UltraCane : une canne pour aveugle dont la technologie s’inspire de la chauve-souris. Émettant des ultrasons, elle détecte en retour les obstacles (comme le mobilier urbain) à l’aide de vibrations, ce dans un rayon de 2 à 4m et jusqu’à hauteur de buste. Ces vibrations, dont la fréquence varie selon la proximité de l’obstacle, sont perceptibles grâce à deux boutons situés sous le pouce. Et c’est précisément cette technique qui a été utilisée pour l’UltraBike, comme vous pourrez le voir dans la vidéo ci-dessus.
Un dispositif fixé au centre du guidon et équipé de deux capteurs ultrasons capte l’environnement sur 8m cette fois (devant et sur les côtés du cycliste). Cette détection est transmise aux boutons vibrants, à placer à loisir sur le cintre, avec le même fonctionnement que la canne. Même malvoyant, plus qu’à pédaler, et tout seul !

Au-delà de la technique, brillamment extrapolée de la nature, c’est un progrès pour les personnes atteintes de déficience visuelle : comme on peut le lire sur cette page, cette expérience leur permet de retrouver une forme d’autonomie, de la confiance, de l’estime de soi et de (re)découvrir les joies d’une sortie à vélo, sur un sentier ou en club. Une vraie avancée sociale qui a encore des limites (circulation sur sentiers, prix) mais qui va dans le bon sens.
Et il est un que ces deux inconvénients n’effraient pas !

Écholocation humaine : une technique biomimétique

Voici Daniel Kish : né avec un cancer de la rétine, il se fait retirer les deux yeux à l’âge de 13 mois… et commencera à claquer de la langue peu de temps après. Comme les chauve-souris ! Un réflexe acquis qui lui permet aujourd’hui de faire du vélo de manière autonome. Deux cliquetis par seconde et un peu de temps lui suffisent pour « distinguer » une voiture située à 5m de lui, ou une maison dix fois plus loin. Une technique qu’il aura peaufinée avec le temps et qu’il enseigne aux non-voyants de sa fondation World Access for the Blind qui, grâce à lui, redécouvre notamment différentes pratiques sportives.
Et elle est accessible même si nous ne sommes pas malvoyant !

Voir avec les oreilles signifie donc quelque chose aujourd’hui : quelle que soit son niveau de handicap visuel, il semble possible de retrouver de l’autonomie et le plaisir de se (re)mettre en selle grâce à une technique issue du biomimétisme.
Une bonne nouvelle qui méritait d’être partagée. A suivre !